Renforcer l'accès à l'éducation dans les zones de conflit : le rôle de l'UPR
Le 18 septembre 2024, lors de la 57e session du Conseil des droits de l'homme, UPR Info a convoqué des membres de la société civile, des États et d'autres parties prenantes pour participer à un événement parallèle consacré au rôle de l'Examen périodique universel dans la protection de l'éducation en période de conflit.
L'événement, qui s'est déroulé à Genève, a rassemblé un groupe d'experts pour souligner le besoin pressant de relever les défis liés à l'éducation qui découlent des conflits. Seules 0,2 % des recommandations de l'EPU relatives aux droits des enfants à l'éducation utilisent explicitement la terminologie de l'éducation en situation d'urgence (EiE). La discussion a également permis d'étudier et de reconnaître les utilisations possibles de l'EPU en tant qu'outil permettant d'aborder ces questions relatives aux droits humains.
En temps de conflit, le droit à l'éducation demeure un droit fondamental pour tous et un moyen efficace de préparer l'avenir de l'État une fois les hostilités terminées. Mona M'Bikay, Directrice Exécutive, UPR Info.
S.E. M. Christophe Payot, Ambassadeur de la mission permanente de Belgique, a fait écho à ces préoccupations, soulignant les conséquences dévastatrices à long terme pour la paix, la sécurité et le développement durables. Il a appelé à une approche globale et centrée sur l'enfant pour réintégrer les enfants affectés par les conflits. Réaffirmant l'engagement de la Belgique à faire progresser les droits à l'éducation dans les conflits armés par le biais de l'EPU, il a exhorté les autres États à prendre des mesures similaires.
By the numbers
Alors que le droit à l'éducation est censé être protégé même en période de conflit, les statistiques racontent une autre histoire. Selon le Geneva Global Hub for Education in Emergencies (GCPEA), 3 250 attaques contre des écoles ont été signalées en 2022 et 2023,, principalement à Gaza et en Ukraine, mais aussi au Burkina Faso, en République Démocratique du Congo, au Myanmar et au Yémen. En outre, l'utilisation militaire des écoles a augmenté de plus de 10 %, avec plus de 10 000 élèves ou éducateurs blessés, tués, enlevés, arrêtés ou lésés.
Mikiko Ōtani, membre du Comité des droits de l'enfant des Nations Unies, a présenté une perspective personnelle sur la pertinence de l'EPU. Initialement sceptique, elle est aujourd'hui convaincue que ce mécanisme politique et non coercitif peut entraîner des changements, en particulier lors de son quatrième cycle, où les recommandations sont de plus en plus acceptées par les pays. En conséquence, elle a souligné la force de l'EPU en tant “voix collective”, où tous les États membres participent sur un pied d'égalité et partagent une “obligation collective” de soutenir les États en conflit par le biais de leurs recommandations.
Mikiko Ōtani a également souligné que “ l'EPU dispose d'une base juridique pour aborder le droits humains et le droit humanitaire”, qui sont souvent traités séparément à New York et à GenèveAyman Al-Kenani, de Mwatana for Human Rights, a attiré l'attention sur la situation critique au Yémen, où 1 239 incidents ont visé des établissements scolaires depuis le début de la guerre. Considérant que “la société civile a un rôle important à jouer”, Ayman Al-Kenani a expliqué comment les organisations de la société civile peuvent s'engager et avoir un impact sur le processus de l'EPU, notamment en soumettant des rapports de parties prenantes au HCDH et en participant aux pré-sessions d'UPR Info, qui offrent un accès direct à la communauté internationale.
Ilaria Paolazzi de GCPEA a recommandé aux États de “ne pas se contenter d'approuver, mais de mettre pleinement en œuvre” la Déclaration sur la Sécurité à L’École en tenant compte de l'égalité des sexes et des handicaps. Elle s'est toutefois inquiétée du fait que les recommandations des États se concentrent trop sur le recrutement des enfants, négligeant d'autres aspects essentiels de la question.
Cela fait écho à l'analyse d'Ayman Al-Kenani, qui a constaté que lors du dernier EPU du Yémen, il y avait 21 recommandations relatives au recrutement d'enfants soldats et seulement 6 qui traitaient de l'occupation militaire ou de la destruction d'établissements d'enseignement.
Dans ses remarques finales, Mikiko Ōtani a réaffirmé le besoin d'une approche holistique de l'éducation dans les conflits, soulignant la connectivité des questions relatives aux droits de l'homme. Elle a noté que les “restrictions de temps de l'EPU sont parfois utiles - vous allez à l'essentiel”. Enfin, Ilaria Paolazzi a conclu en soulignant que l'éducation dans les conflits est une préoccupation mondiale et que l'EPU fournit un instrument pour “faire progresser la responsabilité des attaques “, “faire la lumière sur les très nombreuses violations des droits de l'homme” et “travailler ensemble sur des recommandations autonomes”.