La participation politique des femmes en Côte d'Ivoire
"Sans le plaidoyer, notre engagement dans le processus de l'EPU serait incomplet."
Pédan Marthe Coulibaly
Le parcours de Pédan Marthe Coulibaly en matière de droits de l'homme a commencé en 2002, lorsqu'elle a pris connaissance des violations des droits humains subies par les femmes pendant la crise militaro-politique en Côte d'Ivoire, déclenchant en elle une passion pour les droits humains.

Vingt-trois ans plus tard, cette passion reste inébranlable puisque Marthe est coordinatrice nationale du comité de suivi des recommandations de l'examen périodique universel, Comité de Suivi EPU, un comité composé d'au moins 40 organisations non gouvernementales de Côte d'Ivoire. Marthe a eu un impact positif sur l'évolution des droits humains.
Marthe a eu un impact positif sur l'évolution des droits de l'homme. En particulier, elle a eu la chance d'avoir un impact sur la cause qui a déclenché son voyage - les droits des femmes - en facilitant l'avancement de la participation politique des femmes en Côte d'Ivoire.
Les statistiques des élections de 2018 ont révélé que les femmes n'avaient accepté qu'environ 8 % des candidatures, et le pays n'avait pas encore adopté de loi sur la parité, comme le prévoit les articles 36 et 37 de la Constitution Ivorienne et articles 36 et 37 de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDEF).
« En 2019, année de l’examen de la Côte d’Ivoire pour le 3e cycle de l’EPU, le constat fait par le Comité de Suivi EPU était la sous-représentativité des femmes dans les instances de décisions et les Assemblées élues. Aucune statistique de représentation politique des femmes dans les instances de décisions n’avait atteint 50% ».
Le Comité de Suivi EPU soumet des rapports parallèles, organise des formations sur les mécanismes de l'ONU, organise des consultations avec les organisations de la société civile (OSC), l'institution nationale des droits de l'homme (INDH) et les ministères techniques, et fait du lobbying aux niveaux national et international. Les activités du comité s'étendent même au-delà en offrant un soutien au renforcement des capacités des ONG. Ces ONG se classent dans l'une des quatre catégories suivantes : Droits civils et politiques, Droits économiques, sociaux et culturels, Droits des femmes et des enfants, et Droits des groupes vulnérables.
Renforcer la présence politique des femmes
La nécessité d'un changement était évidente. Après les élections, le comité de suivi EPU a plaidé pour l'adoption d'une loi sur la parité ou de quotas pour les femmes à chaque fois que l'occasion se présentait. Par le biais de recommandations, de séminaires régionaux et internationaux et de réunions avec les missions diplomatiques, le comité a souligné la nécessité d'une telle loi.
Après l’adoption de la loi sur la parité en 2019 par le Gouvernement ivoirien, Marthe a accordé une interview à un organe de presse écrite, le quotidien “l’Expression”. Dans cette interview, Marthe a salué d’aoption de cette loi mais a recommandé qu’un mécanisme de suivi soit mis en place pour assurer un suivi rigoureux de l’effectivité de la loi sur le terrain.
Au cours du troisième cycle de l'EPU de la Côte d'Ivoire, le Comité de suivi EPU élaboré un rapport alternatif qui, entre autres, soulignait l'absence de représentation des femmes.
"Avec l'appui financier du PNUD-Côte d'Ivoire, un manuel intitulé "Mécanismes Onusiens de Protection des Droits de L'homme", Marthe déclare.
La recommandation du Comité de suivi EPU était la suivante :

" Adopter une loi sur la parité d’ici 2020 afin d’accroitre le taux de représentativité des femmes dans les instances de décision - Résoudre la problématique de la sous-représentativité des femmes par la nomination et l’élection d’au moins 30% des femmes dans les instances de décision."
Cette recommandation a été soulignée tout au long du processus d'EPU de la Côte d'Ivoire et a finalement été mise en œuvre. Aujourd'hui, Marthe réfléchit aux changements positifs résultant du plaidoyer du Comité de suivi EPU dans ce domaine.
"Lors des élections locales de septembre 2023, une des conditions pour que les candidatures soient acceptées est que les listes de candidats devaient respecter le quota de 30% de femmes et la Commission Electorale Indépendante (CEI) a félicité les candidats pour le respect de cette condition. Par ailleurs, nous notons l’adoption de la loi n°2019-870 du 14 octobre 2019 favorisant la représentation de la femme dans les assemblées élues."
Le soutien de UPR Info
Marthe souligne que les formations et les pré-sessions d'UPR Info ont joué un rôle déterminant dans le soutien apporté au Comité de suivi EPU dans son travail de plaidoyer.
"Ces activités ont été très bénéfiques pour nous et nous ont aidé à améliorer la rédaction de nos rapports alternatifs avec des recommandations SMART et la conduite de nos actions de plaidoyer avec l’élaboration de fiche de plaidoyer par thématique abordée dans le rapport alternatif du Comité de Suivi EPU".
Leçons retenues

Réfléchissant à son travail avec le Comité de suivi EPU de manière plus générale, Marthe identifie la passion, la confiance, le soutien des partenaires techniques et financiers, et l'acquisition de nouvelles expériences grâce aux formations comme des aspects positifs de son travail de défenseur des droits de l'homme, tout en reconnaissant que les nouveaux défis en matière de droits de l'homme dans différents contextes peuvent rendre ce type de travail difficile.
Elle souligne le rôle vital que jouent les OSC dans le processus de l'EPU, étant donné leur expérience de première main sur le terrain, et conseille à ses collègues des OSC d'autres pays de travailler avec d'autres OSC impliquées dans le processus de l'EPU et de former des groupes thématiques afin de rédiger et de soumettre des rapports alternatifs pour l'EPU et de s'engager dans un travail de plaidoyer. En outre, elle encourage les OSC à partager leur expérience dans le cadre d'une collaboration tripartite entre le gouvernement, l'INHR et les OSC.
L'histoire de Marthe, qui a défendu les droits humains en s'engageant dans le processus de l'EPU, souligne le rôle essentiel du plaidoyer.
"Le plaidoyer est une activité cruciale dans le processus de l'EPU car il facilite la prise en compte de nos recommandations et leur mise en œuvre par l'Etat “