Soutenir l’EPU : soutenir les droits humains sur le terrain
Pour les pays comme la Dominique, avec des ressources limitées et pas de représentation permanente à Genève, l’Examen Périodique Universel (EPU) représente une occasion précieuse pour faire entendre leurs priorités en matière de droits humains. Grâce au soutien du fonds volontaire de l’EPU, la Dominique a par exemple, pu adhérer à la Convention contre la torture, et s’est engagé dès lors à mettre en œuvre des mesures importantes avec l’appui de partenaires internationaux.
Le 23 juin 2025, lors de la 59eme session du Conseil de Droits de l’Homme, s’est tenu un évènement parallèle intitulé « The UPR in the regions : impact stories on UPR implementation ». Organisé par le HCDH, il fut l’occasion de rappeler l’importance du soutien financier à l’EPU pour soutenir la mise en œuvre à travers des exemples venus de plusieurs régions.
Mme Nada Al-Nashif, Haut-Commissaire adjoint des Nations Unies aux droits humains, a ouvert la discussion en soulignant que, dans un contexte multilatéral fragilisé, l’EPU reste un mécanisme fondamental pour discuter des droits humains à l’échelle mondiale. Elle a notamment évoqué la résolution 51/30, adoptée en 2022, qui renforce le rôle des conseillers régionaux.

L’EPU est un mécanisme qui repose sur les principes d’égalité de traitement et de participation universelle. Pour garantir cela, deux fonds d’appui ont été créés : l’un vise à faciliter la participation des pays les moins avancés (PMA) et aux petits États insulaires (PIED) au mécanisme ; l’autre soutient la mise en œuvre concrète des recommandations à travers une l’assistance financière et technique. À ce jour, 119 pays ont bénéficié d’un soutien pour participer aux examens, dont environ 60 % de ces bénéficiaires viennent des PMA et des PEID. Le fonds pour la mise en œuvre à déjà soutenu des projets dans plus de 90 pays, avec 7,4 millions de dollars alloué.

Comme l’ont ensuite démontré les interventions qui ont suivi, ces conseillers ont joué un rôle clé dans diverses initiatives visant à mettre en œuvre les recommandations. En Gambie, par exemple, les recommandations de l’EPU ont conduit à renforcer la lutte contre les violences sexuelles, grâce à la création d’une unité spécialisée et une meilleure coopération entre les forces de l’ordre et les ministères concernés, améliorant les poursuites et l’accès à la justice. En Afrique australe, des avancées concrètes ont eu lieu : l’Afrique du Sud a ratifié la Convention sur les disparitions forcées ; le Zimbabwe et la Zambie ont aboli la peine de mort ; Maurice et le Botswana ont adopté des lois sur le handicap ; à Eswatini, un projet de loi sur l’aide juridictionnelle est en cours. Le travail de coordination avec les équipes de l’ONU a renforcé l’appropriation du processus, notamment à Maurice, où la participation de la société civile à l’EPU est passée de 23 à 125 organisations entre les 3e et 4e cycles, et au Botswana, où une INDH a été créée.
Ces réussites sont souvent liées à la présence de conseillers régionaux spécialisés, qui accompagnent les pays tout au long du processus. Comme expliqué lors de l’intervention de Mme Juliette de Rivero, cheffe de la branche de l’EPU au HCDH, les postes de conseillers EPU ont pour mission d’aider les États membres et les parties prenantes à mettre en œuvre les recommandations de l’EPU, d’accompagner les États dans leur préparation aux sessions EPU, et dans la mise en place de mécanismes de suivi des recommandations acceptées. Ce travail est possible par les fonds de l’EPU, qui permettent de financer des projets ciblés.
Comme l’a rappelé S.E. l’ambassadrice Mme Hasmik Tolmajian, représentante permanente de l’Arménie et membre du Groupe des amis de l’EPU, en conclusion de l’évènement, l’EPU est un espace unique de dialogue constructif dans un contexte mondial marqué par la polarisation et les tensions géopolitiques. L’Ambassadrice a souligné l’importance de créer des liens plus solides entre les recommandations de l’EPU et l’aide internationale, afin d’aider les États à mieux aligner leurs engagements en droits humains avec les ressources et l’expertise nécessaires et adaptée.