25/07/2024

Protéger les droits humains face à la crise du changement climatique

À l'occasion de la 56ème session du Conseil des droits de l'homme, UPR Info a invité des États, des membres de la société civile et d'autres parties prenantes à participer à un événement parallèle visant à comprendre le rôle que l'Examen périodique universel (EPU) peut avoir pour faire progresser les droits humains dans le contexte de la crise climatique.

L'événement a réuni des experts pour discuter de l'impact du changement climatique sur les droits humains, soulignant le besoin urgent d'une approche basée sur les droits de l'homme pour faire face à cette crise. Les discussions ont également permis d’analyser le potentiel de l'EPU dans le traitement des questions de droits humains affectés par la crise climatique, dans la mesure où il peut faire appliquer les lois nationales relatives à la protection d’un environnement propre, sain et durable et mettre en œuvre des politiques publiques pour atténuer les effets du réchauffement climatique. 

Malgré le potentiel de l’EPU, les recommandations formulées lors des cycles précédents concernant le changement climatique étaient minimes, moins de 1%, ce qui montre que le mécanisme n'est pas utilisé au maximum de son potentiel pour traiter ces questions.

Side Event

« Grâce à son universalité, l'EPU peut être un mécanisme extrêmement efficace pour aborder tous les droits de l'homme et est donc le meilleur outil pour accroître la visibilité et aborder l'impact du changement climatique sur les droits humains. »

Mona M'Bikay Directrice exécutive d'UPR Info

Mme Elisa Morguera, rapporteuse spéciale sur le changement climatique, a déclaré avoir constaté, dans le cadre de ses recherches, que le changement climatique avait un impact indéniable sur les droits humains et qu'il est urgent que les États adoptent une approche fondée sur les droits de l'homme pour faire face à la crise climatique. En outre, elle a insisté sur l'impact inégal du changement climatique sur les différentes populations, en particulier sur les personnes vivant dans des situations de vulnérabilité. Concernant le rôle de l'EPU, Mme Morguera a déclaré que ce mécanisme pourrait potentiellement servir de guide d'action pour les différentes parties prenantes et les États.

Mme Nela Cernota, du Haut-Commissariat aux droits de l'homme (HCDH), a souligné le rôle que joue l'EPU dans l'échange de bonnes pratiques et la résolution des crises environnementales sous l'angle des droits humains. Mme Cernota a souligné que l’EPU peut contribuer à l'adoption de lois et de mesures environnementales fortes, reflétant les aspects procéduraux liés à l'environnement dans les systèmes judiciaires, et à l’inclusion dans les rapports nationaux de l’EPU d’un plus grand nombre de références aux réponses apportées au changement climatique. Elle a également indiqué que les recommandations de l'EPU peuvent permettre la participation des populations vivant dans des situations vulnérables et directement affectées par le changement climatique à la prise de décision en matière de protection de l’environnement.

M. Christian Mounzeo, de Rencontre pour la Paix et les Droits de l'Homme (RPDH), a présenté une perspective locale illustrant l'impact du changement climatique sur les populations vulnérables du fait de l’aggravation des risques existants, tels que la productivité agricole et la propagation des maladies. En outre, il a souligné le rôle de l'EPU pour aider la société civile à mener des activités de sensibilisation et à former des alliances stratégiques pour coopérer avec l'État afin d'atténuer les effets du changement climatique. Il a également mis l'accent sur les défis actuels en matière de responsabilité et de gouvernance des entreprises, en particulier dans les contextes de structures démocratiques faibles, qui peuvent entraver une réponse efficace aux questions liées au climat. L'EPU, de par son potentiel, « devrait créer les conditions d'une coopération visant à renforcer la protection du climat, des forêts et des terres », comme l'a souligné M. Mounzeo.

Dans ses remarques conclusives, Mme Francesca Mingrone, représentant le Center for International Environmental Law (CIEL), a souligné le potentiel unique de l'EPU, en tant qu'exercice mené par les États, pour faire progresser les droits humains dans le contexte du changement climatique. Mme Mingrone a également indiqué que l'accent mis sur les impacts du changement climatiques éclipsait souvent d'autres questions essentielles telles que les pertes et les dommages, et a appelé à mettre davantage l'accent sur la nécessaire sortie des combustibles fossiles. Elle a ajouté que l'EPU pourrait être utile en fournissant des recommandations spécifiques et en abordant la question de la responsabilité des entreprises.